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(Echanges. Contribution PJMB. janvier 2008)

Histoire de l'Allemagne
entre les deux guerres mondiales





Elle s’inscrit dans un cadre plus vaste qui vous a été rappelé par ailleurs  qui commence à constitution du Deuxième Reich autour du Royaume de Prusse par le premier traité de Versailles du 18 janvier 1871 après la victoire de Bismark sur la France.

L'unité de l'Allemagne

L’Allemagne, est constituée en confédération de vingt-deux monarchies, trois républiques ainsi qu'une « terre d'empire », l’Alsace-Lorraine, sous l'autorité d’un empereur allemand, Guillaume 1er, également roi de Prusse. Il importe de se rappeler que chaque Etat conserve son organisation politique propre. L'Empire est organisé par la constitution du 16 avril 1871. L'Empereur, élu à vie par un collège de 9 Princes Electeurs, est le chef de l'armée et de la marine ; il promulgue les lois et dirige la diplomatie. Il nomme un chancelier impérial , qui n'est responsable qu'envers lui, c'est-à-dire qu'il ne dépend pas du parlement élu. C'est, en réalité, le chancelier qui est le maître absolu de l'administration impériale et du gouvernement. Les autres organes de l'Empire sont deux assemblées : le Bundesrat et le Reichstag .

Le Bundesrat représente les gouvernements des vingt-cinq États ; il est présidé par le Chancelier impérial. Cette assemblée vote les lois, élabore le budget et contrôle les finances.

Le Reichstag, élu pour trois ans, puis à partir de 1888 pour cinq ans, représente le peuple allemand. Il est élu au suffrage universel (hommes + 25ans) mais n'a que l'initiative indirecte des lois, et surtout aucun moyen d'action sur le chancelier. A noter que l'influent Royaume de Prusse, entre autres, conserve un mode de scrutin censitaire en trois collèges.

Dans les dernières semaines du régime, la constitution de 1871 fut amendée pour faire du Reich une démocratie parlementaire, ce qui avait été refusé depuis un demi-siècle. Le chancelier serait désormais responsable devant le Reichstag et non plus devant l'empereur.

Un contexte international de jalousie et de haine

L'Allemagne se compare aux Etats-nations plus anciens tels la France et l’Angleterre et se met à envier leurs empires coloniaux conquis au XIXème siècle.

La disparité entre sa puissance industrielle et sa surface politique se creuse. On assiste à une montée du pangermanisme. Le souvenir des conquêtes Napoléoniennes fait de la France l'ennemi héréditaire.

Coté français, l’annexion de l’Alsace-Lorraine qui a suivi la défaite de 1870 entretient un vif esprit revanchard et ajoute le sel sur les plaies. Ceci sur un fond de mutation des mentalités: le choc du Modernisme et la crise des milieux catholiques en France, avec les épisodes de l’affaire Dreyfuss en 1898 et la séparation de l’Eglise et de l’Etat en 1905 favorisent l’émergence de mouvements nationalistes.
 
Coté allemand on n’est pas en reste. La qualification de Deuxième Reich par référence au Premier Reich, c'est à dire le Saint Empire Romain Germanique, est révélatrice. Le « Deutschland über alles » s’impose dans l'esprit des Allemands de toutes classes sociales, convaincus d’appartenir au peuple qui avait conduit au Moyen Age les grandes expansions territoriales vers l’Est  et, de fil en aiguille, d’être le flambeau d’une race aryenne supérieure qui trouvait ses racines dans la mythologie germanique et avait repris vie grâce à la découverte du sanskrit rapporté des Indes.

Sur un plan plus vaste, le démembrement de l’Empire Ottoman a créé des situations instables en Europe Centrale, aiguisant les appétits des uns et des autres. De vastes systèmes d’alliances, parfois assez improbables, se sont créés à la fin du XIXème et au début du XXème siècle. France Royaume Uni et Russie d’un coté, Allemagne, Autriche et enfin Italie de l’autre. Les industries d’armement fonctionnent à plein.

En 1914, le prétexte de l’attentat de Sarajevo sert de détonateur.


La guerre de 1914-1918


La guerre est extrêmement meurtrière (environ 9 millions de morts et 6 millions d'invalides). Les peuples auraient pu en sortir refroidis de toute ardeur belliqueuse.
 
Malheureusement les chefs, en particulier du coté Alliés, ne l’entendent pas de cette oreille
Dès décembre 1916, le Reich tente d'engager des négociations de paix. Les Alliés s'y refusent.
Une partie des socialistes allemands veut même aller plus loin. Elle fait sécession et prend le nom de "groupe spartakiste". Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht qui ont combattu contre la guerre depuis le début prennent la tête du mouvement pacifiste. Les Spartakistes constituent le noyau révolutionnaire qui donnera le Parti Communiste Allemand en 1920.
L'Allemagne croule sous les soldats et les blessés revenant du front. La violence civile est omniprésente, des combats se produisent entre groupes rivaux de gauche et de droite.
L'empereur Guillaume II ( le petit-fils de Guillaume Ier) se décide bien trop tard à réformer la constitution : les "réformes d'octobre" précèdent de peu son abdication, deux jours avant l'armistice du 11 novembre 1918. Il s'exile en Hollande.
Les socialistes, qui sont devenus la force politique principale de l'Allemagne à l'issue des récentes et premières élections démocratiques, ont la lourde tâche de réformer le système économique et politique ainsi que de signer une paix qu'ils ne peuvent même pas négocier.

Le premier président allemand Friedrich Ebert et l'assemblée constituante donnent naissance, le 11 août 1919, à la République de Weimar. Mais le ciel est chargé au-dessus de la jeune république. Les Alliés, en effet, dictent leurs conditions à l'Allemagne vaincue et celles-ci sont très dures.

Le deuxième traité de Versailles

Le deuxième traité de Versailles du 28 juin 1919 impose à l’Allemagne.
- des concessions territoriales importantes  qui vont durablement affaiblir le potentiel économique du pays (occupation de la Ruhr) ;
- des exigences de réparation qui pèseront longuement sur le redressement de la monnaie nationale ;
- et surtout d'endosser la responsabilité de la guerre, article du traité qui restera en travers de la gorge de tous les Allemands.
La droite parlementaire allemande ne pardonnera jamais la signature du "Dictat" de Versailles. Elle fustigera sans relâche les dirigeants socialistes de la République de Weimar et donnera naissance à la légende du "coup de poignard  dans le dos" d'une armée invaincue sur le champ de bataille...
L’esprit revanchard a changé de coté.

Il sera incarné, d'une part par l'Armée, en particulier avec la formation de "Freikorps" (corps francs) par d'anciens officiers à la retraite, mais aussi par un homme de vingt-huit ans qui a laissé un nom tristement célèbre: Adolf Hitler.  

Adolf est né en 1889 en Autriche dans une famille recomposée avant l’heure. On ne s’étendra pas sur les détails graveleux avancés par feu Norman Mailer. Artiste raté, traîne savate et beau parleur, en 1912 il arrive à Munich et s’enrôle dans l’armée. Il fait preuve d’un certain courage et finit la guerre comme caporal, gazé et momentanément aveugle. Les plus belles années de sa vie dira-t-il.
Au début de 1919, le capitaine Mayr, très introduit auprès du haut Etat-Major, est chargé de mettre sur pied un 2ème Bureau dont la mission est de redonner du moral aux troupes, mais aussi de détecter et pourchasser les spartakistes  (futurs communistes) réputés responsables de la défaite. Le caporal Hitler y est affecté  comme "informateur".
Au cours d'un séminaire de formation, il se fait repérer par ses chefs pour ses talents d’orateur. Il est finalement chargé d'infiltrer un des nombreux groupuscules de gauche : le Deutsche Arbeiter Partei DAP.

A l'automne 1919, il adhère donc à ce  Parti Ouvrier Allemand. Rapidement il en prendra la direction.
Début 1920, le DAP prend le nom de NSDAP (National Socialist Deutsche Arbeiter Partei), en abrégé le parti "Nazi".
Il est remarquable de noter qu'un parti d'extrême gauche sera transformé rapidement en un parti populiste qu'on pourrait situer plutôt à droite . Le maître mot c'est le "Volkstum", l'appartenance au Peuple. A cette époque Peuple, Nation, Race sont en gros synonymes.


La République de Weimar 1919-1933

Les premières élections à l'assemblée constituante ont lieu en janvier 1919, en plein soulèvement Spartakiste. Le nouveau gouvernement utilise des Corps Francs (FreiKorps) pour réprimer l'insurrection dans le sang. Les leaders - Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg - sont assassinés.
La République naissante - proclamée solennellement à Weimar - doit faire face à d'énormes difficultés financières dues à la sévérité du Traité de Versailles, ainsi qu'à une double opposition politique, revancharde d’une part, révolutionnaire d’autre part.
Sur le plan économique, les "réparations" de guerre et l'occupation de la Ruhr (le poumon industriel du pays) pèsent à ce point sur le budget que l'inflation atteint des niveaux records qui culminent en 1923 : c'est la Grande Dépression qui ruine l'épargne de la classe moyenne bourgeoise qui soutenait électoralement les sociaux-démocrates.
Le SPD appelle à la résistance passive dans la Ruhr, et il se voit contraint à une grande alliance avec les libéraux du DDP (Deutsche Demokratische Partei), le Zentrum catholique et les populistes du DVP (Deutsche Volkspartei).
Un homme de valeur, Stresemann, occupe brièvement le poste de Chancelier, puis de 1923 à 1929 celui de ministre des affaires étrangères . Il stoppe l'hyperinflation en introduisant une nouvelle monnaie le RentenMark. A partir de 1924, le plan Dawes (réagencement des dommages de guerre à l'initiative de Américains et des Anglais) permet à l'Allemagne de stabiliser la situation : les investissements reprennent, assurant la modernisation des moyens de production. Les salaires, les exportations et les chiffres de production de 1926 égalent voire dépassent ceux d'avant-guerre.
Le crack boursier d'octobre 1929 compromet à la fois la récente stabilité économique chèrement acquise et la stabilité politique de la coalition SPD-DDP-DVP-Zentrum.

Mais sur le plan politique, l'année 1925 marque un tournant capital pour la jeune République de Weimar : le Président Friedrich Ebert meurt et il est remplacé par l'ultra conservateur Maréchal von Hindenburg, nostalgique de l'Empire, qui exige les importants pouvoirs que lui confère la constitution, notamment celui d'autoriser seul le chancelier à gouverner par décret et celui de dissoudre l'assemblée.

Les parlementaires de la coalition au pouvoir sont de plus en plus déconsidérés dans l'opinion publique et tenus pour responsables de la situation de mise sous tutelle par les Alliés, au même titre que les traîtres pacifistes, les communistes et la finance juive internationale.

 Dès 1930, les partis anti-parlementaires de droite comme de gauche - Parti National-Socialiste Ouvrier Allemand et Parti Communiste Allemand - empêchent la formation de toute majorité de gouvernement et paralysent bientôt le fonctionnement de l'assemblée.

Les élections de septembre 1930 consacrent la victoire des partis extrémistes. Le KPD double le nombre de ses sièges et le NSDAP passe de 12 - en 1928 - à 107 députés (qui siègeront en chemise brune à l'assemblée.

Dans le même temps la situation économique et financière empire, la droite se divise. Hitler qui siège désormais à l'Assemblée, pose ses conditions.
Le Président von Hindenburg, le 30 janvier 1933,  nomme Hitler Chancelier à la tête d'un "gouvernement national" et dissout l'Assemblée le 1er février.


L'Allemagne Hitlerienne (1933-1945)

Il suffit de quelques mois au nouveau chancelier pour confisquer entre ses mains toutes les rênes du pouvoir .
Dès février 1933 apparaissent les premiers camps de concentration pour prisonniers politiques (exemple : Dachau, 20 mars 1933).
Le 5 mars 1933 ont lieu les élections législatives, sous l'influence/intimidation du NSDAPqui instrumentalise l'incendie du Reichstag survenu le 27 février. Elles donnent la majorité absolue à une coalition NSDAP-DNVP (les deux partis nationalistes allemands).
 Hindenburg, les milieux d'affaires et les partis de droite modérés qui avaient espéré pouvoir manipuler Hitler  déchantent rapidement.
La loi d'investiture qui donne les pleins pouvoirs au Chancelier lui permet du même coup de mettre au pas le parlement. Le Parti Communiste (KPD) est interdit, les partis de droite "auto-dissous", le SPD résistera peu de temps encore. Le Parlement devient dès lors une chambre d'acclamation aux ordres de Hitler, lequel se débarrasse en juin 1934 de ses seuls rivaux potentiels, les SA (Sections d'Assaut ou Sturmabteilungen) lors de la fameuse "Nuit des Longs Couteaux".
 En 1934 le Président von Hindenburg meurt et le Président Autrichien Dolfuss est assassiné. Ce sont désormais les SS (Escadrons de Protection ou Schutzstaffel) qui sont le bras armé de celui qui se fait appeler le "Guide" (en allemand : der Führer Ajoutons que la dissolution des parlements régionaux, la nomination d'administrateurs impériaux (Reichsstatthalter) et la centralisation du pouvoir de décision assurent donc à Hitler la maîtrise complète du pays en à peine une année.
 



Cependant, la vie sociale n'est pas oubliée par le Führer : des grandes fêtes politiques aux organisations des Jeunesses Hitlériennes (Hitlerjugend) en passant par les innombrables comités de quartier, la population est sous étroite surveillance, la société est "normalisé.
L'économie retient aussi l'attention du Führer, création de Volkswagen, lancement d'un programme d’autoroutes, construction de monuments gigantesques, en particulier à Berlin l'aéroport de Tempelhof et le stade des Jeux Olympiques de 1936, mais bientôt affectation au réarmement de crédits déguisés …
Hitler prend cependant soin, dans ses discours politiques et les slogans affichés aux frontons des édifices publics, de mettre en avant son pacifisme. Les opinions publiques européennes s'y tromperont jusqu'en 1939.
Néanmoins, les faits prouvent que Hitler prépare la guerre : l'armée défensive est "professionnalisée", l'économie est mise à contribution (Krupp, Thyssen, etc.), la jeunesse (qui fournira les bataillons d'élite de la guerre éclair en France), les mères de familles, toute l'Allemagne est orientée progressivement vers la reconquête d'une fierté bafouée par le diktat de Versailles.
 En 1936, Hitler fixe à l'armée et à l'économie deux objectifs : « 1.Dans quatre ans, l'armée allemande doit être prête à intervenir 2. Dans quatre ans l'économie allemande doit être prête à faire la guerre ».
Sur le plan intérieur, Hitler poursuit sa stratégie de domination.
L'élimination de tous les "ennemis d'état" a pu être menée à bien : les opposants politiques d'abord, mais surtout les juifs expropriés - à partir des "Lois de Nuremberg", le 15 septembre 1935, ils sont des citoyens de seconde classe - puis enfermés dans des ghettos, massacrés - comme pendant la "Nuit de Cristal" du 7/8 novembre 1938 - et enfin déportés, avant d'être exterminés dans les camps de la mort pendant la guerre (début déportation vers Auschwitz : mars 1942).

Sur le plan extérieur, Hitler déploie une indéniable rouerie diplomatique face à des interlocuteurs naïfs, pusillanimes ou complaisants (cf. accords internationaux de Locarno en 1925 à Munich en 1938), ce qui permet au Reich de s'étendre "pacifiquement" à l'Est jusqu'en 1939, c'est-à-dire jusqu'à l'annexion de l'Autriche puis l'invasion des Sudètes (Tchécoslovaquie).
Le dernier coup diplomatique précédent la guerre sera le pacte de non-agression germano-soviétique, le 23 août 1939 qui protège Hitler d'un deuxième front à l'Est mais laisse à Staline un répit indispensable.
Après l'invasion de la Pologne, que l'Angleterre et la France ont abandonnée à son sort, commence la "drôle de guerre" d'attentisme entre la France et l'Allemagne. Mais l'offensive éclair du printemps 1940 (où les troupes du Reich violent la neutralité de la Belgique) se solde par la défaite de la France et la signature d'un armistice le 22 juin 1940 à Rethondes.
La France est occupée aux trois cinquièmes de son territoire, l'Alsace-Lorraine est récupérée.
La deuxième guerre mondiale de 1940 à 1945 est une autre histoire. Je ne retiendrai qu'un seul aspect: elle fut quatre à cinq fois plus meurtrière que la première: environ 40 millions de morts en Europe et Russie, plus 10 à 20 millions en Chine.




Conclusions
Avec le recul que peut-on retenir de cette période troublée?
 Des peuples entiers peuvent se mobiliser de bonne foi (au moins au début) sur des valeurs qui ultérieurement feront la démonstration de leur inhumanité. Les clairvoyants ont le choix entre la valise ou le cercueil.
 Ces mouvements de masse sont entraînés par des leaders populistes qui se transforment en tyrans absolus une fois arrivés au pouvoir.
 Ces dérives sont favorisées par des intellectuels naïfs et des associations de bonnes gens à peu de vision globale.
 Le leader s'appuie (quand ça l'arrange) sur des théoriciens et des idéologues jusqu'au-boutistes.
 Toutefois, la question reste entière de savoir si un seul homme, certes paranoïaque, mais qui n'avait jamais spécialement démontré de talents d'organisateur, a pu aboutir au résultat qu'on connaît. Des psychologues estiment  à dix pour-cent  de la population la proportion d'individus potentiellement très dangereux s'ils acquièrent de l'influence et accèdent au pouvoir. Le journaliste et historien Sebastian Haffner apporte un éclairage inédit : dans les années 20 le recrutement du parti Nazi s'est fait parmi les hommes nés entre 1900 et 1910, adolescents pendant la guerre de 14-18, ils l'ont vécue comme un grand jeu nationaliste. Du nationalisme romantique, ils ont évolué vers le sport, et du sport aux ratonnades anti-communistes. Bien avant leur création en 1921, les prémisses des SA existaient sous la forme des Freikorps (levés fin 1918), les prémisses des HitlerJugend sous la forme des clubs sportifs nationalistes des années 20. D'ailleurs la tradition des milices et des troupes de mercenaires est encore plus ancienne.
 En fait il y a toujours collusion d'intérêts. Dans notre cas, les hobereaux Prussiens de l'armée, les grands industriels Rhénans, les ambitieux et les assoiffés de pouvoir, les profiteurs, les mafieux... et même paradoxalement au début la diaspora Juive riche.
 Ensuite, le déroulement est fait de revirements d'alliances, de trahisons, de purges... et de coups de chance imprévisibles ( attentats manqués...).
 Les ingrédients de la méthode Nazi   sont à la hauteur du génie du peuple allemand : discipline, organisation et efficacité, mais aussi romantisme. Pour la masse, l'enthousiasme du début fait place à la peur puis à l'acceptation hypnotique de l'illusion.
 La faible ancienneté de l'unité de l'Allemagne et le peu d'expérience de la démocratie sont aussi des facteurs à ne pas négliger.


Certains Historiens pensent que les horreurs de l'Histoire sont des étapes nécessaires pour permettre les grands tournants. Le "plus jamais ça" est un ressort puissant de changement des mentalités, au moins à la première et seconde génération.
La construction de l'Europe en est le résultat palpable, il faut s'en réjouir.
Mais sur plus longue période, l'Histoire peut bégayer. La suite des trois grands mouvements totalitaires du XXème siècle est encore en cours d'écriture.




ANNEXE 1 : CHRONOLOGIE DE L'ALLEMAGNE HITLERIENNE (1933-1945)
I. La Marche au Pouvoir :
septembre 1919    Extrait de L'Allemagne de Hitler (1933-1945), Seuil, collection Histoire, mai 1991.

Hitler adhère au DAP (Deutsche Arbeiterpartei/Parti Ouvrier Allemand) qui devient, au début de 1920, le NSDAP.
3 août 1921    Création de la SA
11 janvier 1923    Occupation de la Ruhr
8 novembre 1923    Echec du putsch de la Brasserie à Munich.
20 décembre 1924    Hitler est libéré de prison par anticipation (il a écrit Mein Kampf en détention).
9 novembre 1925    Création de la SS.
28 mai 1928    Le NSDAP ne fait encore que 2,6% des suffrages exprimés aux élections au Reichstag.
14 septembre 1930    Le NSDAP obtient 18,3% des voix et 107 sièges au parlement.
25 février 1932    Hitler obtient la nationalité allemande.
10 avril 1932    Hindenburg est réélu président du reich avec 53% des voix, contre 36,8% à Hitler.
31 juillet 1932    Le NSDAP devient le premier parti au Reichstag, avec 37,3% des voix.
13 août 1932    Hitler refuse le poste de vice-chancelier.
6 novembre 1932    Nouvelles élections : NSDAP 33,1% des voix.
30 janvier 1933    Hindenburg appelle Hitler à la chancellerie.
II. L'état Nazi :
1er février 1933    Dissolution du Reichstag
27-28 février 1933    L'incendie du Reichstag permet à Hitler de suspendre les libertés fondamentales.
5 mars 1933    Le NSDAP obtient 43,9% des voix.
20 mars 1933    Ouverture du camp de Dachau.
23 mars 1933    Hitler obtient des députés les pleins pouvoirs pour quatre ans.
7 avril 1933    Lois excluant les juifs de la fonction publique.
2 mai 1933    Interdiction de tous les syndicats.
22 juin 1933    Interdiction du SPD (Sozialistische Partei Deutschlands/Parti Social-Démocrate Allemand).
14 juillet 1933    Le NSDAP devient parti unique après auto-dissolution des partis de droite.
12 novembre 1933    Sur référendum (95,1% de oui), l'Allemagne quitte la SDN.
26 janvier 1934    Pacte de non-agression entre l'Allemagne et la Pologne.
29-30 juin 1934    Nuit des longs couteaux : les SA sont assassinés par la Gestapo et les SS.
25 juillet 1934    Le chancelier autrichien Dollfuss est assassiné par des putschistes nazis qui réclament le rattachement au Reich.
2 août 1934    Mort de Hindenburg.
19 août 1934    Référendum accordant à Hitler (89,9% de oui) le cumul des fonctions de président et de chancelier.
13 janvier 1935    La Sarre dit oui à 90,8% au retour dans le Reich.
16 mars 1935    Hitler rétablit le service militaire obligatoire, en violation du traité de Versailles.
15 septembre 1935    Proclamation des lois raciales (anti-juives) au congrès du NSDAP à Nuremberg.
7 mars 1936    Remilitarisation de la Rhénanie.
25 octobre 1936    Proclamation de l'Axe Rome-Berlin.
25 novembre 1936    Pacte anti-Komintern entre l'Allemagne et le Japon.
12-13 mars 1938    Annexion de l'Autriche
29-30 septembre 1938    Conférence de Munich qui cède les Sudètes à Hitler en échange de la paix.
7-8 novembre 1938    Nuit de Cristal : 91 morts, des centaines de blessés, 191 synagogues détruites, 7500 commerces juifs endommagés.
16 mars 1939    Occupation de la Tchécoslovaquie. Elle devient le Protectorat de Bohème-Moravie.
22 mai 1939    Pacte d'Acier entre l'Allemagne et l'Italie.
23 août 1939    Pacte de non-agression germano-soviétique.
1er septembre 1939    Invasion de la Pologne sans déclaration de guerre.
III. La guerre :
3 septembre    La France et la Grande-Bretagne déclarent la guerre à l'Allemagne.
octobre 1939    Hitler ordonne l'euthanasie des malades mentaux.
décembre 1939    Premières déportations de Polonais et de juifs vers le centre de la Pologne.
9 avril 1940    Attaque contre le Danemark et la Norvège.
10 mai 1940    Offensive occidentale qui aboutit à l'occupation de la Hollande (cf. Journal d'Anne Frank) et de la Belgique.
22 juin 1940    Le Maréchal Pétain signe l'armistice avec l'Allemagne et l'Italie à Rethondes.
16 juillet 1940    Préparatifs pour l'invasion de l'Angleterre.
18 décembre 1940    Hitler ordonne de préparer l'offensive contre l'URSS.
6 avril 1941    Attaque contre la Yougoslavie et la Grèce.
10 mai 1941    Rudolf Hess gagne l'Angleterre.
22 juin 1941    Début de la campagne de Russie (Opération Barbarossa).
1er septembre 1941    L'étoile jaune, déjà imposée en Pologne dès 1939, devient obligatoire en Allemagne.
14 octobre 1941    Début de la déportation des juifs allemands.
5 décembre 1941    Début de la contre-offensive russe.
7 décembre 1941    Décret "Nuit et brouillard" (Nacht und Nebel) qui prévoit la déportation de tous les opposants à l'occupation nazie.
11 décembre 1941    Par solidarité avec le Japon, Hitler déclare la guerre aux États-Unis.
20 janvier 1942    Conférence de Wannsee où est exposé le plan d'extermination systématique des juifs européens (= la solution finale).
21 mars 1942    Organisation de la déportation de travailleurs forcés pour approvisionner l'économie allemande.
mars 1942    Début de la déportation des juifs d'Europe occidentale vers le camp d'extermination d'Auschwitz.
27 mai 1942    Assassinat de Heydrich par les résistants tchèques.
8 novembre 1942    Débarquement des forces anglo-américaines en Afrique du nord.
11 novembre 1942    Occupation en France de la "zone libre".
22 novembre 1942    Encerclement de la 6ème armée à Stalingrad.
24 janvier 1943    Roosevelt et Churchill exigent la capitulation sans condition de l'Allemagne.
31 janvier 1943    Défaite de Stalingrad.
18 février 1943    Goebbels proclame la "guerre totale".
19 avril 1943    Insurrection du  Ghetto de Varsovie.
25 juillet 1943    Mussolini est renversé.
19 mars 1944    Invasion de la Hongrie qui voulait passer du côté des Alliés. Début de l'extermination des juifs hongrois.
6 juin 1944    Débarquement allié en Normandie.
22 juin 1944    Début de la grande offensive soviétique.
20 juillet 1944    Attentat manqué contre Hitler.
25 août 1944    Libération de Paris.
21 octobre 1944    Les américains entrent dans Aix-la-Chapelle (Aachen).
27 janvier 1945    Les russes libèrent Auschwitz.
4-11 février 1945    Conférence interalliée à Yalta (Crimée).
19 mars 1945    Ordre de Hitler de tout détruire en Allemagne.
30 avril 1945    Suicide de Hitler et, dans les jours suivants, de Goebbels et Himmler.
7-9 mai 1945    Capitulation sans condition de l'Allemagne.
(c) eric alglave 2000














ANNEXE 2 : LA METHODE NAZI


La méthode Nazi repose sur la division rationnelle du travail. Il y a

 les théoriciens, qui ne manient en principe que des abstractions,
 les intermédiaires, techniciens zélés qui planifient, organisent la logistique, font des rapports et des statistiques ...
 les exécutants qui font le sale boulot.

Elle repose sur une profonde connaissance de la psychologie humaine. Particulièrement ses aspects les plus sombres.

Elle assigne les tâches à chacun en fonction de ses capacités et de son niveau mental et caractériel ...

Elle maîtrise les techniques de manipulation des foules par la propagande, de la manipulation des cerveaux par la pseudo rationalité, l'utilisation d'un vocabulaire officiel euphémisé...

Elle dévoie l'idéalisme en encourageant le zèle "dans l'esprit du Führer". Elle entretient la peur en généralisant la délation.

Elle chloroforme les réticences individuelles en dispensant une prétendue compassion pour ceux qui font le sale boulot.






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