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(Echanges. Contribution J-F C. Janvier 2006)

Démocratie

(Notes personnelles)





Formes de gouvernement. Définitions.

1. Anarchie. Désordre résultant d’une absence ou d’une carence d’autorité.

2. Aristocratie. Forme de gouvernement dans laquelle le pouvoir souverain appartient à un petit nombre de personnes, le plus souvent de façon héréditaire.

3. Démocratie.

- Doctrine politique, d’après laquelle la souveraineté doit appartenir à l’ensemble des citoyens,
- Organisation politique, dans laquelle les citoyens exercent cette responsabilité.

4. Fascisme. Terme d’origine italienne (XXème siècle. Mussolini. « Faisceaux »). Forme de gouvernement d’origine populaire, qui tient du totalitarisme, du corporatisme et du nationalisme.

5. Monarchie. Forme de gouvernement dans laquelle le chef du pouvoir hérite du pouvoir.

6. République.

- Forme de gouvernement dans laquelle le pouvoir n’est pas détenu par un seul et dans laquelle le chef de l’Etat n’est pas héréditaire.
- Organisation politique de la Cité, chose publique.

7. Oligarchie. Régime politique dans lequel la souveraineté appartient à un petit groupe de personnes, éventuellement de manière héréditaire.

8. Théocratie. Gouvernement où l’autorité, regardée comme émanant de Dieu, est exercée par ses ministres.

9. Tribalisme. Organisation sociale par tribu (groupe social ou politique fondé sur une appartenance ethnique, réelle ou supposée).

10. Tyrannie. Gouvernement absolu et oppressif d’un seul.

 A quel genre de gouvernement se rattachaient l’URSS et auparavant le III ème Reich?

Indiscutablement, en s’en tenant aux définitions, l’URSS et le IIIème Reich étaient, en chacun des pays qui les composaient et dans leurs fédérations, des démocraties, des républiques, ce qui montre

- que la démocratie peut prendre des formes extrêmement différentes,
- qu’à l’occasion, ou par la force des choses (la nécessité de sortir d’un chaos par exemple) la démocratie peut tirer franchement sur la tyrannie et sur l’oligarchie, et se transformer le cas échéant (mais pas forcément) en une catastrophe politique, d’abord pour les populations concernées, et par voie de conséquences, pour d’autres qui ne le sont pas,
- considérant qu’en Allemagne on est passé légalement, démocratiquement, d’une forme de démocratie républicaine à une forme tyrannique, que la démocratie n’est pas spontanément ni stablement la panacée qu’on nous dit et qu’on proclame de par le monde,
- en allant plus loin, considérant l’histoire, qu’une démocratie peut commettre des crimes tout comme les monarchies, mais avec une cruauté et sur une échelle sans commune mesure : l’actualité nous l’a rappelé dernièrement avec son retour sur « l’holocauste », mais elle nous le met quotidiennement sous les yeux avec les nouvelles du monde.

Pris isolément, le mot « démocratie » ne signifie donc rien : pour l’employer valablement il faut le qualifier. La démocratie est ce que l’on en fait, ce qui est vrai aussi de toute autre forme de gouvernement. Je note que dans le langage de nos hommes politiques comme dans celui des gens ordinaires, le mot démocratie est toujours employé isolément : il n’est jamais qualifié. Sont-ils donc crédibles ceux qui l’emploient ainsi ?

A quel genre de gouvernement se rattache la France (en 2005)?

Indéniablement, en s’en tenant aux définitions, la France est une démocratie. Le peuple y est très attaché au principe de celle-ci, et à la forme de gouvernement qu’il connaît, la république, avec laquelle il le confond.

Toutefois, de façon  de plus en plus nette, la démocratie française se teinte d’anarchie (carence d’autorité évidente). Elle se teinte aussi d’oligarchie, tant il est vrai que le pouvoir est dans les mains de gens de parti, toujours les mêmes, qui du reste font en gros tous la même politique - justement pas celle qu’attend le peuple -, les uns parce que c’est leur idée, les autres pour ne pas être en reste.

A propos de l’égalité qu’on y professe …

Pour les anciens, et les platoniciens en particulier, le réel est hiérarchisé en degrés d’être.
A ce titre, l’égalité était pour eux une utopie. Et de plus à la fois stupidité et folie, stupidité parce que c’est ne pas voir les choses comme elles sont, folie parce que c’est refuser la réalité quand pourtant on la voit. Aux yeux d’Aristote, le principe d’égalité est même totalitaire, parce qu’il refuse les différences. Il écrit, dans son Ethique à Nicomaque : « Il est injuste de traiter également des êtres inégaux ».

Au temps de la révolution française, le terme devait signifier « égalité devant la loi », « égalité des chances », ou « reconnaissance de l’absolue dignité de la personne ». Point.
Au temps du politiquement correct (français ?) que nous connaissons, le terme est utilisé dans une autre acception, qui serait plutôt celle d’identité, une idée fausse, à la vérité anti sociale, consistant à nier les différences de nature  et même à interdire de les considérer (discrimination) !

Cette manière de voir, déviante pour les anciens, pour Tocqueville et probablement encore pour plus de gens que l’on ne croit aujourd’hui, assimilable à un système de pensée, est comparable au sida : incapacité de se défendre contre les idées fausses. C’est mortel à terme. On peut penser aussi qu’en outre d’un défaut de jugement relevant du dit sida, on a affaire en parallèle à une subversion : le malaise est entretenu. Et on en arrive à l’égalitarisme, c'est-à-dire à une corruption du principe démocratique, principe suivant lequel chacun doit normalement être vu, reconnu et entendu pour ce qu’il est, c’est à dire précisément  pour sa différence.

- Pourquoi cette déviance, dont il est facile de prévoir l’aboutissement ?
- Comment a-t-elle pu ainsi s’imposer et ne rencontre-t-elle pas d’opposition ?
- Sans réponse à ces questions, comment échapper au sort qu’elle promet ?

... et de la démocratie que l’on y vit.

- La révolution de 1789 n’en finit pas de s’y développer dans la pensée et dans les faits, mais sourdement, comme un feu couve sous la cendre. Ce n’est pas la démocratie en soi qui est en cause, mais sa forme et son inspiration, c'est-à-dire la vision qu’on y a de l’homme et de la Société. Ce qui s’oppose pratiquement à l’aboutissement de la révolution ce n’est pas une « pensée » philosophique ou religieuse digne de ce nom, mais plutôt à mes yeux, à la fois, l’usure de la doctrine qu’elle véhicule, l’individualisme forcené du français moyen, sa soif de consommation, et les incontournables lois économiques par lesquelles il faut passer pour étancher celle-ci au mieux – nous sommes tenus par l’intérêt.

- Par là, la dite démocratie est minée de l’intérieur … ,

- … de là elle n’est pas à même de faire face aux problèmes que lui posent les changements qui interviennent dans monde, ni même à ceux qu’elle rencontre en interne. Quoique prétentieuse (le modèle français ...), elle est loin de donner le ton dans le concert des nations !

- Il n’est pas de remède à la situation, sauf à revenir s’il est encore possible aux « valeurs » fondatrices du pays, à ses racines, qui sont bien antérieures à 1789 et dont précisément on ne veut pas, à tout le moins auxquelles on n’accorde généralement que fort peu d’importance. La discussion sur l’Europe a été significative à cet égard. Avant la révolution, 1200 ans se sont pourtant écoulés … pour rien ? La révolution n’est-elle donc pas survenue dans un pays déjà constitué depuis longtemps ?

Des rapports de la démocratie et de la religion.

C’est une vision de l’homme et de son destin que propose une religion.

Il découle de celle-ci une conception temporelle de la vie commune : vision de la famille, de l’éducation, du travail et des échanges, de la propriété, de l’organisation sociale, du rapport avec la nature … C’est vital.

Aujourd’hui, en France et apparemment dans la plupart des pays d’Europe, on ne parle pas de spiritualité et on relègue la religion dans le strict domaine privé. On considère que c’est une option, celle de quelques uns, qui les regarde. Pour le moderne Dieu, s’Il existe, n’intervient de toutes les manières pas dans les affaires de ce monde, le devenir de celui-ci n’a rien à voir avec Lui - Il n’y a pas autorité. On distingue bien le temporel et le spirituel, mais on ne reconnaît pas le besoin du second et on ne lui rend pas ce qui lui est dû. On n’a gardé de la parole de Jésus que son premier terme : « Rendez à César ce qui est à César ... ».

A défaut de religion, que proposer et au nom de quoi, qui motive chacun dans sa vie personnelle au quotidien et qui inspire les orientations de la vie commune?  

La France est à cet égard en roue libre sur l’élan du christianisme, elle tourne en quelque sorte sur batterie. A l’évidence ce ne peut avoir qu’un temps.

En abordant les choses par d’autres yeux ...

Le philosophe russe Vladimir Soloviev suggère que sous la structure politique, sociale et économique d’un régime, il existe une structure religieuse, théologique, qui a sa cohérence propre, laquelle ne peut être dérangée, même subtilement, sans conséquences politiques, sociales et économiques. Ainsi explique-t-il le brusque et incompréhensible passage à l’Islam de centres historiques chrétiens aussi considérables qu’Alexandrie, Ephèse, Antioche ... et naturellement Byzance.

Les discrets déséquilibres auxquels il fait allusion s’appellent des hérésies : Byzance, au moment de sa chute, sous une apparente orthodoxie, abritait précisément selon lui toutes celles que véhicule l’Islam. Un jour elle est tombée, logiquement, comme un fruit mûr.

Si cette vue des choses est exacte, on peut alors penser

- que le fait religieux (dont relèvent l’agnosticisme et l’athéisme), loin d’être une affaire privée, est en réalité le moteur du devenir d’une Société, qu’il détermine absolument,
- que lorsqu’un peuple se détourne de sa religion, à défaut d’en embrasser une d’un niveau supérieur, il perd sa capacité d’être, et sa raison d’être. L’histoire le met alors en examen ... Mais le mot « alors » est-il justifié ? L’histoire n’est-elle pas toujours et continûment le fruit d’un enchaînement inexorable de causes et d’effet ?

En partant de là il serait très intéressant pour chacun, s’il n’en est pas pleinement satisfait, de revoir sa vie ... et tous ensemble

- de se livrer à une relecture de l’histoire de France (et de l’Europe), afin d’y retrouver sous les apparences que constituent les événements, bons ou mauvais, la cause du surgissement de ceux-ci,
- de se poser un moment sur la pensée ambiante d’aujourd’hui (apparentée malgré qu’elle s’en distingue à ce que l’on appelle « la pensée unique »), afin de caractériser l’hérésie fondamentale de notre temps, qui est probablement une somme et un sommet,
- et à partir de là de s’intéresser à l’avenir, parce que, inexorablement inscrit dans les concepts du présent, ce qu’il se promet d’être n’est très probablement pas ce que nous voudrions qu’il soit.

Petit post-scriptum en passant sur la laïcité,

Extrait du fascicule « les valeurs fondamentales de la loi » édité par le CERD.

La loi, indispensable à toute société humaine, n’est plus la traduction concrète de valeurs spirituelles et morales.
    
Dans un Etat laïc non seulement de droit, mais d’esprit, elle devient l’ensemble des règles qui conviennent momentanément à la majorité des citoyens. Elle n’est plus que l’attribution d’avantages ou l’imposition de contraintes répondant à une situation contingente, sans véritable référence éthique.
    
Vous avez « moralement » et juridiquement raison si vous êtes politiquement majoritaires.
    
L’homme est alors la proie des relativismes et des subjectivismes les plus divers, qu’ils soient marxiste, athée, libéral ou socialiste. La sincérité remplace pour lui la vérité, la réussite justifie l’action, le plaisir tient lieu de morale. Il en vient à tolérer intellectuellement toutes les idées sauf bien sûr celles qui le condamnent lui-même

   

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