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(Echanges. Contribution Gisèle. Janvier 2006)

Individualisme et démocratie 



D'après Tocqueville la dynamique de la démocratisation peut s'identifier à la montée de l'individualisme, c'est à dire à l'affirmation de l'individu comme principe et comme valeur.

L'idée d'individu est une idée moderne. L'idée d'un sujet capable de s'auto-déterminer est tardive. Le concept de l'individualisme est en quelque sorte l'émancipation du sujet face à la tradition familiale, face à l'autorité de la hiérarchie.

Dans les sociétés antiques, régnait une forte hiérarchie, soit paternelle, soit tribale, soit aristocratique. Les deux plus grands penseurs de la Grèce Antique Platon et Aristote ne font guère place à l'idée d'autonomie individuelle, celle ci était réservée à l'élite.

Les premières doctrines centrées sur la possibilité d'interprétation personnelle du monde apparaissent chez les stoïciens et les épicuriens sur fond de désordre politique et de grand désarroi moral.
Il faudra attendre la Renaissance pour que l'homme soit pensé de manière singulière et unique : c'est la naissance de l'humanisme. Descartes pose le premier la primauté du sujet pensant sur toute autre réalité, c'est la première référence théorique de l'individualisme.

Aujourd'hui l'individu a une autonomie croissante qui s'inscrit dans une totale logique d'émancipation à l'égard de la famille et de la société est ce une liberté ou une aliénation est ce un progrés ou une régression ?.

L'homme est doué d'une faculté contrairement aux animaux, c'est la liberté qui lui permet de transcender sa nature pour accéder à la culture et la civilisation. Devenir humain c'est sans cesse s'arracher à l'animalité et répudier la bestialité en soi.
Mais il faut remarquer que notre univers actuel est voué au culte de la frivolité,il n'y a plus de désir de transcender notre nature, c'est le règne de la jouissance immédiate, du narcissisme il y a un surinvestissement de la sphère privée, l'homme s'est affranchi des règles de morale mais cette prétendue émancipation qui nie notre culture n'est-elle pas une déshumanisation qui peut entrainer vers la barbarie.(ex : le tourisme sexuel)

Sur le plan philosophico-politique un homme vaut un homme, c'est le principe d'égalité. Le prochain, c'est l'autre que moi et l'autre moi, c'est tout homme, en tant qu'il appartient au genre humain. Le sentiment pour autrui est dérivé du sentiment pour soi même. Lorsque je compatis, je m'identifie à la souffrance de l'autre, je me projette en lui. Mais qu'en est-il aujourd'hui ? L'individualisme contemporain est-il émancipateur ou régressif ?
 
L'individualisme peut être émancipateur lorsque l'homme adopte une discipline rigoureuse afin de développer une personnalité forte, solitaire et rationnelle, capable de sublimer ses émotions. C'est la figure de l'homme individu sublimé.
A la suite de la révolution française sont apparus des individus qui revendiquaient les droits naturels, c'est le citoyen des "droits de l'homme" et du contrat social, affranchis et critiques, capables d'être leur propre législateur c'est l'individu émancipé. 
Aujourd'hui l'homme est formé à l'économie de marché, il est pris dans la logique de l'argent, il cherche à maximiser son intérêt personnel. Cela dénote un certain égoisme et une perte de la valeur spirituelle et affective de l'homme (ex : vente de la villa qui est maison de famille).
Devant cet individualisme forcené et pour ainsi dire égoisme, ont tendance à naitre des petits groupes (sectes ou autres), qui sont autant de nébuleuses isolées les unes des autres tendant à réduire la démocratie. C'est l'individualisme de masse.

C'est l'un des périls anticipés par Tocqueville l'atomisation du social, qui implique une dérive vers le despotisme doux d'un état tutélaire et paternaliste. 


   

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