Retour au sommaire
(Echanges. Contribution J-F C. Septembre 2005)

A propos du Coran







« J’en jure par l’étoile qui se couche,
Votre compatriote ne s’est oint égaré, il n’a point été séduit.
Il ne parle pas de son propre mouvement.
Ce qu’il dit est une révélation qui lui a été faite ».

Coran, LIII, 1-4




Le Coran est un grand livre.

Prétendre le « lire » en quelques semaines et ensuite en parler sans avoir longuement réfléchi, médité, cherché, expérimenté est complètement insensé.

On doit donc ne voir dans les lignes qui suivent que des notes personnelles qu’une lecture rapide, effectuée à temps perdu en quelques semaines, par un « chrétien » laïque lui a inspirées.


1. Préambule.

Le Coran, comme la Bible, à laquelle il fait abondamment référence, vise à nourrir et légitimer l’Espérance constitutive de notre nature humaine : attente de la Justice totale et irrévocable, désir de percer les mystères innombrables de l’homme, du monde et de Dieu, volonté de dépasser les imperfections, les insécurités et la précarité de notre existence terrestre.

Pour un moderne, et spécialement pour un occidental, le Coran est rebutant en raison de sa présentation désordonnée, de la sécheresse et de la forme ingrate du discours, de ses répétitions, de ses ambiguïtés, de ses contradictions, et aussi en raison de son incompatibilité avec la mentalité de l’homme d’aujourd’hui, qui est l’aboutissement d’une véritable mutation, commencée avec l’avènement de l’ère industrielle : les idéologies, un mode de penser « unique », conduisent à tout sacrifier à la croissance économique, volontiers assimilée au progrès et considérée comme une nécessité incontournable, en sorte que la motivation profane tend à éliminer la motivation religieuse.

Aux yeux des croyants musulmans, le Coran se présente comme une interpellation adressée à tous les hommes par ce même Dieu Vivant, Créateur et Juge, révélé par la Bible.

La question de fond qui se pose d’emblée est par conséquent la suivante …

Ou bien la révélation coranique n’est qu’un langage humain parodiant la vraie Révélation, et il faut alors expliquer pourquoi une parodie de la Révélation aboutit à des résultats psychologiques, politiques, culturels et historiques comparables à ceux de la vraie Révélation,

ou bien le Coran est pleinement, lui aussi, Parole de Dieu, et il a alors sa place dans ce que les chrétiens appellent « l’économie du salut ».

 … et par conséquent encore :

si le Livre est véritablement inspiré par Dieu, on ne saurait le lire sans y prêter la plus grande attention, sans recueillement, sans respect,

s’il ne l’est pas, on ne saurait non plus en parler sans respect, en raison de l’immense foule des hommes dont il a été et dont il est aujourd’hui la raison de vivre.


2. Forme du Coran.

Le Coran comprend 114 chapitres ou « sourates », eux-mêmes divisés en versets.

Certains chapitres sont très courts, comme le premier, qui n’en comporte que 7 d’une seule ligne chacun, d’autres sont assez longs, comme le second, qui en comporte 286. Tous portent un titre, généralement un mot, comme « Le génisse », « Marie », ou « La caverne », qui se rapporte à un passage particulier mais ne constitue pas un quelconque résumé du tout.

Tous les chapitres, sauf un, le neuvième, commencent par l’invocation « Au nom du Dieu clément et miséricordieux », invocation reprise, c’est à noter, dans l’en-tête des papiers à lettres officiels des pays arabes (y compris en son temps dans l’Irak de Saddam Hussein).

Certaines affirmations sont répétées inlassablement, souvent avec les mêmes mots, en petites phrases simples et courtes. Cette répétition ne manque pas de force et, mieux que toute preuve ou toute démonstration, tend naturellement à susciter l’adhésion de celui qui les entend.


3. Quelques définitions.

Le mot Coran signifie lecture, récitation, prédication.

Le mot Islam signifie s’en remettre à la volonté de Dieu.

Le mot Musulman signifie qui se résigne à la volonté de Dieu, qui se livre entièrement à Lui. (Si l’on s’en tient à cette définition, on note en passant que les chrétiens authentiques sont par conséquent musulmans)

Le mot Iman désigne un chef en matière religieuse.

Le mot Livre pris absolument désigne tout livre révélé, c'est-à-dire les Ecritures – le Pentateuque en parlant des juifs, l’Evangile en parlant des chrétiens, le Coran en parlant des arabes.

La Famille du Livre désigne ceux qui, à quelque époque que ce soit, ont reçu les Ecritures. Ils se distinguent des ignorants et des idolâtres.

L’infidèle est celui, juif, chrétien ou arabe qui n’est pas fidèle à l’enseignement des Ecritures.


 4. De l’authenticité de la révélation.

La difficulté est certes de croire le prophète sur parole …

La sourate VII (entre autres), en ses versets 156 et 157, dit ceci :

« O hommes ! Je suis l’apôtre de Dieu envoyé vers vous tous ;
De ce Dieu à qui les cieux et la terre appartiennent ; il  donne la vie et fait mourir.
Croyez en Dieu et en son envoyé, le prophète illettré, qui croit, lui aussi en Dieu et en sa parole.
Suivez-le et vous serez dans le droit chemin ».

Mahomet n’a quant à lui produit aucun signe – c'est-à-dire qu’il ne lui a été donné de produire aucun signe. En plusieurs sourates le fait est évoqué.

Comme suite, le « musulman » sérieux est invité à apprécier lui-même la véridicité de ce qui lui est annoncé au travers des signes lisibles par lui

dans la nature, ainsi que le dit par exemple en son verset 159 la sourate II :

« Dans la création des cieux et de la terre, dans la succession alternative des jours et des nuits,
dans les vaisseaux qui voguent à travers la mer pour apporter aux hommes des choses utiles,
dans cette eau que Dieu fait descendre du ciel et avec laquelle il rend la vie à la terre morte naguère
et où il a disséminé des animaux de toute espèce,
dans les variations de vents et dans les nuages astreints au service entre le  ciel et la terre,
dans tout ceci il y a certes des signes pour tous ceux qui ont de l’intelligence ».

dans les événements de l’histoire (par exemple en réfléchissant sur le sort de Pharaon au temps de la sortie d’Egypte du peuple hébreux, ou bien sur ceux, au temps d’Abraham, de Sodome et de la femme de Lot …).


5. Pour la bonne intelligence du texte.

Le Coran suppose du lecteur une culture religieuse déjà solide.

A priori il s’adresse à des populations déjà instruites du Dieu unique, de la création du monde, de la résurrection des morts, du jugement, et aussi de ce qui fait un « juste » sur la terre, c’est à dire de la prière, de l’équité, de la bonté. Ce n’est pas un catéchisme : la Bible (ancien et nouveau Testament) est pour lui à cet égard la référence. Quand il reprend ici ou là, à sa manière, certains passages de l’ancien Testament (jamais du nouveau, c’est à noter), ce n’est pas pour l’enseigner mais pour en rappeler la leçon (par exemple le déluge, Sodome …).


6. Ce que professe fondamentalement le Coran.

La réalité de l’Etre, de la transcendance et de la toute puissance de Dieu.

La résurrection universelle des morts au terme de l’histoire humaine et la rétribution éternelle de chacun selon ses œuvres.

La foi en Dieu (et en son Prophète), la prière et l’aumône comme unique religion.

 Le début de la seconde sourate, versets 1 à 4, le dit bien :

Voici le livre sur lequel il n’y a point de doute ; c’est la direction de ceux qui craignent le Seigneur ;
De ceux qui croient aux choses cachées, qui observent exactement la prière
et font des largesses des biens que nous leur dispensons ;
De ceux qui croient à la révélation qui a été donnée à toi et à ceux qui t’ont précédé ;
de ceux qui croient avec certitude à la vie future.
Eux seuls seront conduits par leur Seigneur, eux seuls seront bien heureux.

A noter que la seconde et la troisième sourate donnent déjà à elles seules une très bonne idée de l’ensemble du Coran.

On note aux versets 70 et 73 de la cinquième sourate qu’il n’est pas nécessaire d’être musulman au sens de l’appartenance à l’Islam pour entrer dans le séjour des bienheureux. Le verset 73 dit ceci :

« Ceux qui croient, les juifs, les sabéens, les chrétiens qui croient en Dieu et au jour dernier,
et qui auront pratiqué la vertu,
seront exempts de toute crainte et ne seront point affligés ».


7. La réalité de l’Etre, de la transcendance et de la toute-puissance de Dieu.

Toutes les sourates se réfèrent expressément à cette réalité de l’Etre, de la transcendance et de la toute-puissance de Dieu.

La première donne le ton :

Louange à Dieu souverain de l’univers,
Le clément, le miséricordieux,
Souverain au jour de la rétribution.
C’est toi que nous adorons, c’est toi dont nous implorons le secours.
Dirige-nous dans le sentier droit,
Dans le sentier de ceux que tu as comblés de tes bienfaits,
De ceux qui n’ont point encouru ta colère et qui ne s’égarent point. Amen.

Dans la seconde on trouve, verset 111 :

« Unique dans les cieux et sur la terre, dès qu’il a résolu quelque chose,
 il dit : ‘Sois !’ et cela est ».

Et dans cette même sourate, on trouve déjà une multitude de ces affirmations qui ponctuent un très grand nombre de versets …

« Il est puissant et sage.
Dieu accorde sa grâce à qui il veut, car il est plein de bonté et il est grand.
Ne sais-tu pas que Dieu est tout-puissant ?
Dieu voit vos actions.
Dieu est immense et il sait tout.
Il entend et connaît tout.
Il aime à agréer la pénitence et il est miséricordieux.
Il conduit ceux qu’il veut dans le droit chemin.
Tout retournera à Dieu.
Il est le Très-Haut, le Très Grand. »

                … on y trouve aussi :

« Dieu connaît les pervers.
Dieu hait les infidèles.
Dieu est terrible dans ses châtiments. »

Pour un musulman « Se souvenir de Dieu est un devoir grave » (S XXIX, V 44).


 8. La résurrection des morts et la rétribution.

La résurrection et la rétribution sont évoquées comme une certitude en de très nombreuses sourates. C’est quand on y réfléchit la raison d’être du Coran : à quoi bon celui-ci si la vie est toute dans un bref espace de temps passé sur la terre ?

On lit par exemple ceci au verset 79 de la quatrième sourate …

« Le monde d’ici-bas n’est que de peu de valeur, la vie future est le vrai bien pour ceux qui craignent Dieu .
Là on ne vous trompera pas de la plus mince portion. »

                        … au verset 149 de la seconde …

« Ne dites pas que ceux qui sont tués dans la voie de Dieu sont morts.
Non, ils sont vivants ; mais vous ne le comprenez pas. »
                                       
                                        … au verset 68 de la huitième …

« Vous désirez le bien de ce monde, et Dieu veut vous donner ceux de l’autre. Il est puissant et sage. »

        … au verset 64 de la vingt neuvième …

« La vie de ce monde n’est qu’un jeu et une frivolité ; mais la demeure de l’autre monde, c’est la véritable vie.
Ah ! S’ils le savaient ! »

Le paradis à venir est présenté comme un lieu destiné aux fidèles, établi pour toujours, d’ordre et de paix, de rafraîchissement, d’enchantement, imagé simplement (des fleuves d’eau pure, des coupes de vin fin, des vierges de beauté incomparable, … la sagesse en partage).

L’enfer est également souvent, régulièrement évoqué, comme le royaume de Satan, étang de feu et de soufre où seront jetés pour toujours les infidèles. Pour résumer cet aspect considérable et effrayant des choses et n’en parler qu’une fois, on peut se reporter significativement aux versets 19 à 25 de la sourate 50 :

« On enfle la trompette ! C’est le jour dont vous étiez avertis.
Toute âme s’y rendra accompagnée d’un témoin et d’un conducteur qui la poussera devant soi.
Tu vivais dans l’insouciance de ce jour, lui dira-t-on. Nous avons ôté le voile qui te couvrait les yeux. Aujourd’hui ta vue est perçante.
L’ange qui l’accompagnera dira : Voilà ce que j’ai préparé contre toi.
Jetez dans l’enfer tout infidèle endurci,
Qui s’opposait au bien, violait les lois et doutait ;
Qui plaçait à côté de Dieu d’autres dieux. Précipitez-le dans le tourment affreux ».

Ainsi le Coran se présente-t-il comme un « avertissement pour l’univers » (S LXXXI, V 27).


9. La foi en Dieu (et en son prophète), la prière, l’aumône.

Pour Mahomet, la voie droite, celle qui conduit au séjour des bienheureux mais qui déjà porte des fruits durables dans le temps, est simple : la foi en Dieu (et en son Prophète), la prière et l’aumône constituent l’essence de la religion

Il est spécialement insisté sur la foi en Dieu, ce qui se comprend puisque c’est d’après elle que l’on est appelé à conduire sa vie, et aussi parce qu’elle est une pierre d’achoppement pour un grand nombre.

Il est toutefois ajouté à plusieurs reprises « et en son prophète », ce qui surprend en première lecture, vu que celui-ci n’est pas sur le même plan que Dieu, mais que l’on comprend dans la mesure où il est difficile en effet de croire à l’enseignement du Coran si au départ on ne reconnaît pas le prophète de celui-ci en tant que tel …

Il n’est pratiquement pas question du contenu de la prière. Ma lecture a par ailleurs été trop rapide pour que je puisse m’attacher à ses formes et conditions, dont il est en revanche question en plusieurs endroits.

Quant à l’aumône, le Coran la recommande souvent, comme une obligation naturelle du croyant. Il recommande de la pratiquer généreusement, en fonction de ses ressources, mais avec mesure, c'est-à-dire sans prodigalité.

Le Coran emploie rarement le mot « amour » - celui de Dieu pour les hommes, celui des hommes pour Lui, celui des hommes entre eux. Son point de vue est différent. Il évoque plutôt les composantes de « l’amour » - par exemple la fidélité, la générosité, la patience, la miséricorde, le courage, l’équité, la pureté …

L’esprit de la Voie est très bien exprimé par le verset 172 de la seconde sourate :

« La vertu ne consiste point en ce que  vous tourniez vos visages du côté du levant ou du couchant :
vertueux sont ceux qui croient en Dieu et au jour dernier, aux anges et au livre,et aux prophètes,
qui donnent pour l’amour de Dieu des secours à leurs proches et aux orphelins, aux pauvres et aux voyageurs  et à ceux qui demandent,
qui rachètent les captifs,
qui observent la prière,
qui font l’aumône,
remplissent les engagements qu’ils contractent,
se montrent patients dans l’adversité, dans les temps durs et dans les temps de violence.
Ceux-là sont justes et craignent le Seigneur. »

Il est question en outre du « Ramadan », c'est-à-dire d’une période d’abstinence obligatoire revenant chaque année, en anniversaire du mois au cours duquel le Coran est descendu du Ciel.


10. Ce que professe encore le Coran.

Dieu n’a pas de Fils.
Cette petite phrase revient très souvent.
Que Dieu ait un Fils signifie pour le Prophète une dualité impensable : Dieu est unique et Il est un. Il est à noter que nulle part sans le Coran il n’est question de la nature de Dieu, dont on n’évoque que les attributs – la bonté, la clémence, la miséricorde, la patience, la justice, la science, la toute-puissance …

Dieu n’a pas d’égal.
Cette petite phrase revient également très souvent.
Elle signifie que Dieu est au dessus de tout dans l’ordre des êtres vivants, visibles et invisibles. Elle signifie aussi que tout dans la vie de l’homme doit lui être subordonné : l’idolâtrie commence lorsque ses pensées se détournant de Lui, les activités, les projets, les sentiments ou les biens de l’homme deviennent premiers pour lui et finissent par devenir sa consolation.

 Ces deux propositions se retrouvent dans la sourate CXII :

« Dis : Dieu est un.
C’est le Dieu éternel.
Il n’a point enfanté et n’a point été enfanté.
Il n’a point d’égal. »

Celui qui pèche, pèche contre lui-même.
Tout ce qui fait la vie d’un homme est comme écrit, conservé en mémoire et placé devant ses yeux au jour de la rétribution. Ce jour-là il voit, il reconnaît, aucun recours n’est plus possible. On lit dans la sourate XXIV, au verset 41 :

« Tout homme est otage de ses œuvres, excepté ceux qui occupent la droite. »

(La droite est la place des hommes reconnus fidèles.)
Deux autres sourates, CII et CIII, reprennent la chose fermement à la fin du Livre :

« Le désir d’augmenter vos richesses vous préoccupe
Jusqu’au moment où vous descendez dans la tombe ;
Mais sous peu vous saurez !
Mais oui, sous  peu vous saurez !
Ah ! Si vous aviez la science certaine !
Vous verrez l’enfer ;
Vous le verrez de vos propres yeux ;
Alors, on vous demandera compte des plaisirs de ce monde. »

« J’en jure par l’heure de l’après-midi,
L’homme travaille à sa perte.
Tu en excepteras ceux qui croient et pratiquent les bonnes œuvres, qui recommandent aux autres la vérité et la patience. »


11. De la Bible et de l’Evangile.

Il n’est rien dans ce qui précède qui aille à l’encontre de la foi chrétienne.

Cependant, le Coran étant donné pour révélé par le même Ciel qui a inspiré et finalement révélé le contenu de la Bible en s’incarnant en Jésus Christ, il devait se situer par rapport à elle.

On note ainsi en le lisant :

Tout d’abord que le Coran a été révélé aux arabes, en langue arabe. Il doit y avoir une raison à cela (laquelle … ?).

Que le Coran admet très bien la filiation d’Abraham au travers d’Agar, la servante chassée. Peut-on en déduire que la Coran est la révélation des arabes comme l’Evangile est celle des juifs ?

Que le Coran fait fréquemment référence à la Bible, Ancien et Nouveau Testaments, dont il reprend à l’occasion certains thèmes, dans une forme qui lui est propre (la création du monde, le déluge, Abraham, Moïse et Pharaon, Joseph et ses frères, Sodome et Gomorrhe, Zacharie et Jean-Baptiste, Marie Mère de Jésus …). Ce faisant, il faut le noter, il ne met pas en question les Ecritures, il confirme.

Que le Coran ne reproche pas aux juifs et aux chrétiens de croire « faux », mais de na pas croire, d’être infidèles à l’enseignement qui leur a été donné.

Que le Coran n’aborde aucune question d’ordre anthropologique (nature, vocation et destinée de l’homme), mais qu’il donne aux peuples auxquels il s’adresse la voie à suivre dans la foi pour arriver un jour, sûrement et simplement, évitant le malheur absolu, au bien-être parfait et éternel.

Les sourates et versets traitant de ces points sont extrêmement nombreux. Par exemple …

« O enfants d’Israël, souvenez-vous des bienfaits dont je vous ai comblés,
 souvenez-vous que je vous ai élevés au dessus de tous les humains. » (SII, V44)

« Nous avons donné le livre de la loi à Moïse,
et nous l’avons fait suivre par d’autres envoyés ;
nous avons accordé à Jésus, fils de Marie, des signes manifestes de sa mission,
et nous l’avons fortifié par l’esprit de sainteté … » (SII, V 81)

« Dites :Nous croyons en Dieu et à ce qui a été envoyé d’en haut à nous, à Abraham et à Ismaël, à Isaac, à Jacob, aux douze tribus,
aux livres qui ont été donnés à Moïse et à Jésus, aux livres accordés aux prophètes par le Seigneur ;
nous ne mettons point de différence entre eux, et nous sommes résignés à la volonté de Dieu. » (S II, V 130 et S III, V 78)

« Il t’a envoyé le livre contenant la vérité et qui confirme les Ecritures qui l’ont précédé.
Avant lui il fit descendre le Pentateuque et l’Evangile pour servir de direction aux hommes … » (S III, V 2)

« Les anges dirent à Marie : Dieu t’a choisie, il t’a rendue exempte de toute souillure,
Il t’a élue parmi toutes les femmes de l’univers. » (S III, V 37)

« Les anges dirent à Marie : Dieu t’annonce son Verbe.
Il se nommera le Messie, Jésus fils de Marie,
Honoré dans ce monde et dans l’autre, et un des confidents de Dieu. » (S III, V 40)

« Jésus est aux yeux de Dieu ce qu’est Adam.
Dieu le forma de poussière, puis Il dit : ‘Sois’, et il fut.
Ces paroles sont la vérité qui vient de ton Seigneur. Garde-toi d’en douter. »

« Nous soufflâmes notre esprit à celle qui a conservé sa virginité,
nous la constituâmes, avec son fils, un signe pour l’univers. » (SXXI, V 91)

« N’engagez des controverses avec les hommes des Ecritures que de la manière la plus honnête,
à moins que ce ne soient des hommes méchants.
Dites : Nous croyons aux livres qui nous ont été envoyés,
Ainsi qu’à ceux qui vous ont été envoyés.
Notre Dieu el le vôtre, c’est tout un. Nous nous résignons entièrement à sa volonté. » (S XXIX, V 45)

Cette dernière citation a naturellement beaucoup d’importance.


12. De la guerre « sainte ».

La guerre « sainte » n’est évoquée dans le Coran qu’à de très rares endroits, préférentiellement dans la seconde sourate. Le mot « saint » n’est à la vérité pas employé (du moins dans la traduction à disposition). Il est question plutôt de « combattre dans la voie de Dieu ».

Dans le Coran, on est amené à faire la guerre « sainte » pour deux raisons :

La première, pour se défendre lorsqu’on est attaqué (par des infidèles).

La seconde, pour défendre la foi lorsqu’elle est en péril.
Ce dernier point est absolument fondamental.

Le Coran dit d’abord ceci au verset 108 de la seconde sourate :

« Qui est plus injuste que celui qui empêche que le nom de Dieu retentisse dans les temples
et qui travaille à leur ruine ? »
 Il dit encore ceci dans la même sourate, au verset 187 :

« La tentation de l’idolâtrie est pire que le carnage à la guerre ».

Moïse, en d’autres termes mais avec la même redoutable intransigeance, ne disait pas autrement (« Tu feras disparaître le mal du milieu de toi »).

Le Coran considère comme la première des injustices de ne pas rendre à Dieu le culte qui lui est dû, non parce que c’est un devoir, mais parce que c’est dans la nature même des choses : reconnaître son créateur, se tourner vers lui, se soumettre à lui avec reconnaissance, avec vénération.

Le Coran considère aussi, inséparablement, qu’il est plus mortel pour un peuple de se détourner de Dieu que de se livrer à la guerre.

Les choses étant vues ainsi, la guerre doit être menée avec détermination …

« Tuez-les partout où vous les trouverez, et chassez-les d’où ils vous auront chassés.
La tentation de l’idolâtrie est pire que le carnage à la guerre … ». (S II, V 187)

                                    … mais avec mesure :

« Combattez dans la voie de Dieu contre ceux qui vous feront la guerre.
Mais ne commettez point d’injustice en attaquant les premiers, car Dieu n’aime pas les injustes ». (S II, V 186)

« Combattez-les jusqu’à ce que vous n’ayez point à craindre la tentation,
et que tout culte soit celui du Dieu unique.
S’ils mettent un terme à leurs actions, plus d’hostilité.
Les hostilités ne seront dirigées que contre les impies ». (S II, V 189)

Et il est précisé ultérieurement, dans la même sourate, au verset 157 :

« Point de violence en matière de religion. La vérité se distingue assez de l’erreur.
Celui qui ne croira pas aux idoles et croira en Dieu aura saisi une anse solide à l’abri de toute brisure.
Dieu entend et connaît tout ».


13. Des femmes.

A noter tout d’abord que le Coran évoque avec vénération le nom de deux femmes, celui de Marie, la mère de Jésus, souvent et principalement, et celui de la mère de Marie, qu’il nomme Amran.

Il est spécialement question des femmes dans les sourates 2 et 4 (mais pas seulement).

D’une manière générale :

Les femmes sont appelées à la même destinée éternelle que les hommes, dans une « l’égalité » absolue.

Elles sont également appelées à se conduire dans l’existence, avant tout, suivant les préceptes du Coran – foi, prière, aumône, jeûne, pèlerinage, justice et bien sous toutes ses formes.
 
A l’époque où le Coran a été donné, leur situation dans la Société par rapport aux hommes est de sujétion. Le Coran ne met visiblement pas la situation en question ...

« Les hommes sont supérieurs aux femmes à cause des qualités par lesquelles Dieu a élevé ceux-là au dessus de celles-ci,
et parce que les hommes emploient leurs biens pour doter les femmes.
Les femmes vertueuses sont obéissantes et soumises,
Elles conservent soigneusement pendant l’absence de leurs maris ce que Dieu a ordonné de conserver intact.
Vous réprimanderez celles dont vous aurez à craindre l’inobéissance ;
Vous les relèguerez dans des lits à part, vous les battrez ;
Mais aussitôt qu’elles vous obéissent, ne leur cherchez point querelle. Dieu est élevé et grand ». (S IV, V 38)

… mais il institue des règles juridiques et de comportement à respecter par les hommes, destinées à donner aux femmes un statut clair, et à les protéger le cas échéant contre l’arbitraire.

Il n’est question « du voile » qu’une fois, mais il est question plutôt de chasteté, une chasteté qui du reste concerne aussi les hommes. La sourate XXIV dit ceci, aux versets 30 et 31 :

« Commande aux croyants de baisser leurs regards et d’être chastes. Ils en seront purs.
Dieu est instruit de tout ce qu’ils font ».

« Commande aux femmes qui croient de baisser les yeux et d’être chastes,
de ne découvrir de leurs ornements que ce qui est en évidence,
de couvrir leurs seins de voile,
 de ne faire voir leurs ornements qu’à leurs maris ou à leurs pères, ou aux pères de leurs maris, à leurs fils ou aux fils de leurs maris,
à leurs frères ou aux fils de leurs frères, aux fils de leurs sœurs, ou aux femmes de ceux-ci,
ou à leurs esclaves acquêts de leurs mains droites, ou aux domestiques mâles qui n’ont point besoin de femmes,
 ou aux enfants qui ne distinguent pas encore les parties sexuelles d’une femme.
Que les femmes n’agitent point les pieds de manière à faire voir les ornements cachés.
Tournez vos cœurs vers Dieu, afin d’être heureux ».

Ceci étant, à propos du voile, on lit au verset 57 de la sourate XXXIII :

« O Prophète ! Prescris à tes épouses, à tes filles et aux femmes des croyants,
d’abaisser un voile sur leur visage.
Il sera la marque de leur vertu et un frein contre les propos des hommes.
Dieu est indulgent et miséricordieux ».


14. Des pierres d’achoppement.

Quoiqu’il en soit des convergences nombreuses et fondamentales entre l’Islam et la Famille du Livre, il se trouve quelques obstacles (un obstacle se surmonte …) sur la voie d’une possible unité.

Le principal, peut-être le seul véritable, est celui du dogme de la Trinité.

La question n’est pas théorique, elle est bien pratique.

Pour les musulmans, Dieu est unique et un. Il est absolu. On ne peut prétendre Le connaître.
Comme suite, Il ne peut avoir de Fils. Jésus n’est donc pas Dieu, c’est un apôtre hors du commun.
Le sacrifice de Jésus n’est pas transcendant, puisque Dieu n’a pas donné en Lui sa propre Vie : le culte chrétien n’est pas fondé. Au demeurant, c’est à noter et c’est curieux (pourquoi ?), pour Mahomet Jésus n’est pas mort, on lui a substitué quelqu’un sur la croix (cf. ci-après).
Il n’y a donc pas de salut en Jésus, par Jésus.
Il n’y a pas non plus d’Esprit Saint donné aux hommes au nom de Jésus, puisque l’Esprit Saint est Dieu Lui-même.
Dieu et l’homme ne peuvent avoir d’intimité. Ils sont et demeureront éternellement sur des plans différents. L’homme n’a pas de perspective divine d’élévation personnelle.

En la matière aucun accommodement n’est possible.

L’approche absolue, transcendante de Dieu des musulmans est en effet parfaitement juste. Elle n’est pas discutable.

L’approche de Dieu des chrétiens au travers de l’Incarnation, attestée par des signes évidents, est également parfaitemens juste. Elle n’est pas non plus discutable, tout en n’étant pas exclusive de l’autre approche. Elle est toutefois plus difficile à croire (Jésus a été condamné sous prétexte de cette affirmation), plus difficile à comprendre et plus exigeante à vivre (totale disponibilité à l’Esprit Saint).

La voie de l’unité devra passer par un approfondissement par les chrétiens des Mystères de l’Incarnation et de la Trinité qui leur sont confiés.

Le Coran dit et répète, par exemple : Dieu n’a pas de Fils.
Bien sûr !
Dieu est de toute éternité. Comment pourrait-Il avoir un Fils qui soit Dieu alors qu’il aurait eu un commencement ?
Dieu est éternel. Comment pourrait-Il avoir un Fils qui meurt ?
Dieu est tout puissant. Comment pourrait-Il être livré au pouvoir des hommes qui, dans la plus absolue injustice, Le jugent, Le condamnent et le pendent sur une croix d’infamie ?

A vrai dire, les chrétiens ne disent pas que Dieu a un Fils, mais que Dieu est Fils.
Père, Fils, Esprit Saint, un mais en trois personnes.
Comment pourrait-il y avoir eu Incarnation si Dieu n’était pas Un en Trois ?

… mais comment le comprendre !


15. La contradiction. L’ambiguïté.


La contradiction du Coran est qu’il authentifie les Ecritures qui l’ont précédé, mais qu’il n’en retient pas ce que l’on peut considérer comme l’essentiel, parce que le fantastique aboutissement : Jésus Incarnation du Dieu Vivant, mort et ressuscité, l’Esprit Saint donné en son nom aux croyants, le salut offert au monde, la présence de Dieu au cœur de l’histoire humaine jusqu’à la fin des temps.

On dirait que l’Evangile embarrasse le Prophète.
Il ne le nie pas, il l’admet, il s’y réfère. Mais il bute sur la question de la personne de Jésus, et sur ce point il demeure dans l’ambiguïté.

Cette ambiguïté se retrouve particulièrement dans la sourate IV, au verset 156 :

« Ils disent : Nous avons mis à mort le Messie, Jésus fils de Marie, l’apôtre de Dieu.
Non, ils ne l’ont point tué, ils ne l’ont point crucifié ;
Un autre individu qui lui ressemblait lui fut substitué,
Et ceux qui disputaient à son sujet ont été eux-mêmes dans le doute.
Ils n’en avaient pas une connaissance précise, ce n’était qu’une supposition.
Ils ne l’ont point tué réellement. Dieu l’a élevé à Lui, et Dieu est puissant et sage ».

Si Jésus n’est pas Incarnation de Dieu, alors pourquoi sa mort est-elle embarrassante ?

Si Jésus n’est pas Incarnation de Dieu, pourquoi, à la différence des prophètes « ordinaires », son élévation au Ciel (ascension) ?



16. Pour mieux comprendre les choses.

Il est singulier que le même archange Gabriel, héraut de l’Annonciation, ait pu faire à Mahomet, de la part de Dieu, une révélation en contradiction avec l’Evangile.

Car c’est un fait qu’il y a contradiction.

Pour tenter d’y voir clair, il faudrait reprendre l’histoire des arabes, celle des chrétiens, celle de Mahomet lui-même, connaître le contexte de l’époque, vraisemblablement étudier l’histoire de l’Islam, celui-ci pouvant en effet être suscité par Dieu à des fins ultérieures (les déviances des chrétiens au fil du temps ne sont que trop évidentes), beaucoup méditer certainement, et vraisemblablement beaucoup se convertir …

Il faudrait également étudier la Tradition et les textes annexes au Coran qui se sont fait jour à l’époque et au cours des âges, un ensemble considérable à la fois pour entrer dans l’intelligence du texte et pour discerner les déviances qui n’ont certainement pas manqué.

Et peut-être faut-il se souvenir que Mahomet était un homme, faillible à ce titre. Il a pu lui arriver ici ou là, comme le lui avait dit paraît-il sa première femme, Aïcha, d’introduire quelque subjectivité dans la transcription des ses révélations …

Que penser par exemple des versets 47 à 50 de la trente troisième sourate ? Les deux premiers disent :

« O Prophète ! Il t’est permis d’épouser les femmes que tu auras dotées,
 les captives que Dieu a fait tomber entre tes mains,
les filles de tes oncles et de tes tantes maternels et paternels qui ont pris la fuite avec toi,
et toute femme fidèle qui livrera son cœur au Prophète, si le Prophète veut l’épouser.
C’est un privilège que nous t’accordons sur les autres croyants ».

« Nous connaissons les lois du mariage que nous avons établies pour les croyants.
Ne crains point de te rendre coupable en usant de tes droits.
Dieu est indulgent et  miséricordieux ».







____________

 Au hasard de la lecture …


« La vertu ne consiste pas en ce que vous rentriez dans vos maisons par une ouverture pratiquée derrière, elle consiste dans la crainte de Dieu. Entrez donc dans vos maisons patr les portes d’entrée et craignez Dieu. - Vous serez heureux ». (S II, V 185)

« O croyants ! Faites l’aumône des meilleures choses que vous avez acquises, des fruits que nous avons fait sortir pour vous de la terre. Ne distribuez pas en largesses la partie la plus vile de vos biens ». (S. II, V 269)

    «  Vous n’atteindrez à la vertu parfaite que lorsque vous aurez fait l’aumône de ce que vous chérissez le plus ». (S III, V 86)

    « Les vrais croyants sont ceux dont les cœurs sont pénétrés de crainte lorsque le nom de Dieu est prononcé ; dont la foi augmente à chaque lecture de ses enseignements, et qui ne mettent leur confiance que dans leur Seigneur ». (S VIII, V 2)

    « … Ne tuez point les hommes, car Dieu vous l’a défendu, excepté si la justice l’exige ». (S VI, V 152)

    « O mon peuple ! Remplissez la mesure, pesez avec justice, et ne fraudez pas les hommes dans leur avoir ; ne commettez pas de dévastation sur la terre ». (S XI, V 86)

    « Ne dis jamais : Je ferai telle chose demain, sans ajouter : Si c’est la volonté de Dieu. Souviens-toi de Dieu … ». (S XVIII, V23)

    « Que les hommes ne se moquent point des hommes ; ceux que l’on raille valent peut-être mieux que les railleurs ; ni les femmes des autres femmes : peut-être celles-ci valent mieux que les autres. Ne vous diffamez pas entre vous, ne vous donnez point de sobriquets. Que ce nom : Méchanceté, vient mal après  la foi que vous professez ». (S XLIX, V 11)

    « Ignorez-vous que Dieu connaît tout ce qui est au Ciel et sur la terre ? Si trois personnes s’entretiennent ensemble, il est la quatrième ; si cinq personnes sont réunies pour converser, il est la sixième. Quelque nombre que l’on soit, en quelque lieu que l’on se trouve, il est toujours présent. Au jour du jugement il dévoilera les actions des hommes, parce qu’il est instruit de tout ». (S LVIII, V 8)

    « O croyants ! Lorsqu’on vous appelle à la prière du jour de l’assemblée, empressez-vous de vous occuper de Dieu. Abandonnez les affaires de commerce ; cela vous sera plus avantageux. Si vous saviez ! » (S LXII, V9)

    «  Mortel ! Qui t’a aveuglé contre ton maître généreux,ton maître qui t’a créé, qui t’a donné la perfection et la justesse dans tes formes, qui t’a façonné dans la forme qu’il a voulu ? » (S LXXXLL, V6 et 7)

    « Mais vous préférez la vie de ce monde ; et cependant la vie future vaut mieux et est plus durable. Cette doctrine est enseignée dans les livres anciens, dans les livres de Moïse et de Jésus ». (SLXXXVII, V16 à 19)

    « Celui que a reçu le Coran et ne s’en soucie pas est comme un âne qui porte des livres sur le dos ».




retour en haut de la page