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(Echanges. Contribution J-F C. Novembre 2004)

A propos de la laïcité.
(Suite aux débats suscités par le port intempestif « du voile »)



A mes yeux …


1. Le principe de la laïcité, en tant que distinction et reconnaissance par le pouvoir civil des fonctions spirituelles et temporelles dans le Société, est une bonne chose, j’y vois même une nécessité de bon ordre.

2. L’expérience l’a montré et le montre encore
- La prétention à régenter la vie publique au nom du religieux a des effets catastrophiques sur la vie des populations, sur l’ordre du monde et sur la religion elle-même.
- A l’inverse la prétention du pouvoir civil à utiliser ou régenter le religieux, à l’exclure dans certains cas, a des conséquences funestes sur la vie spirituelle et sur la vie temporelle.

3. Quand l’Evangile dit : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu », Il distingue et reconnaît les deux domaines de responsabilité, il ne les oppose pas, et il appelle chacun au discernement.

4. Le problème est toutefois que …
- Le temporel et le spirituel, s’ils relèvent bien de deux domaines distincts, loin d’être indépendants, sont complètement imbriqués.
- Il est aussi, et c’est difficile à admettre pour certains, qu’il existe entre eux un lien de subordination : le temporel est par nature subordonné au « spirituel » dans la mesure où il a besoin d’une référence dans la pensée pour s’ordonner : les lois sont votées en fonction des convictions que l’on a, le comportement quotidien est dicté par les valeurs que l’on sert.

5. C’est une vision de l’homme et de son destin que propose une religion.
Il découle de celle-ci une conception temporelle de la vie commune : vision de la famille, de l’éducation, du travail et des échanges, de la propriété, de l’organisation sociale, du rapport avec la nature …
Aujourd’hui, en France et apparemment dans la plupart des pays d’Europe, on ne parle pas de spiritualité et on relègue la religion dans le strict domaine privé.
On distingue le temporel et le spirituel, mais on ne reconnaît pas le besoin du second.
Cette manière de se positionner est proprement insensée et suicidaire parce que le temporel n’est plus rattaché à quoi que ce soit, sinon à l’opinion publique, ressentie ou suscitée. Il ne peut en résulter qu’un chaos, ou le surgissement soudain, la nature ayant horreur du vide, d’une idéologie aux funestes conséquences.
On note en passant que le refus dont il s’agit d’une référence religieuse dans la conduite des affaires publiques est en soi une façon de se rattacher à une « pensée » directrice : à défaut de repères, on ne veut en tous les cas pas ceux d’une quelconque religion.

6. Se croire obligé de légiférer en matière de port d’insignes religieux, ou y être vraiment obligé, est un signe de faiblesse : faiblesse d’autorité, faiblesse de pensée, faiblesse de conviction. Traduction d’un vide intérieur. Nous avons contracté le sida, le sida mental, une incapacité collective de nous défendre spontanément contre des idées fausses.

 7. Comme suite, et face à l’apostasie que je constate aujourd’hui dans notre pays – une forme d’apostasie moderne : abandon public de notre religion pour un athéisme pratique -, à titre personnel
- Je me désolidarise formellement de Mr. Chirac, de Mr. Giscard d’Estaing et de tous les élus qui croient bon de se réclamer uniquement de la laïcité, c'est-à-dire d’un néant de la pensée philosophique ou religieuse, dans le conduite des affaires de la Cité.
- Je ne me reconnais pas plus qu’un musulman dans notre république « laïque », en raison du sens exclusif que le mot « laïque », inscrit dans sa constitution et répété à l’envie ces derniers temps, véhicule.




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